
Synopsis
Marie, une jeune doctoresse, se rend sur l’île d’Ouessant, afin de remplacer un vieux praticien. Grâce à ses compétences et son dévouement, elle parvient à se faire accepter par les insulaires. André, un ingénieur installé provisoirement dans la région, la demande en mariage. Pour suivre celui qu’elle aime, elle doit renoncer à son métier. Au début réticente, elle finit par accepter. Pourtant, André comprendra qu’il ne peut l’arracher à sa vocation et il quittera l’île sans la prévenir.
J’avais déjà vu un film de Jean Grémillon, « Pattes blanches » qui m’avait particulièrement impressionné. Ce ne fut pas tout à fait le cas pour celui-là (il n’en est pas moins excellent) mais du haut de mes 18 ans, j’avais été marquée par le sujet. S’épanouir dans son métier ou choisir l’amour, suivre un homme et donc « se rabaisser » au statut de femme. Comme si les deux étaient impossibles pour nous (suivre un homme, pas se rabaisser !). Bien sûr dans le film, c’est lui qui fait le choix de partir, mais l’aurait-elle vraiment suivi? Si oui, le couple aurait-il été viable (le sacrifice…). J’étais partagée, je me souviens. L’indépendante que je suis se disait qu’une femme devait s’accomplir et l’amour ne devait pas entraver cela. Aujourd’hui, je ne suis pas aussi catégorique. Ceci dit, n’oublions pas que le film date de 1953. Les mœurs ont évolué. Je vous conseille vivement ce film.

Le 9 décembre 1953 a eu lieu à Brest la première mondiale du dernier film de Jean Grémillon : L’Amour d’une femme. Au lieu d’une grande première classique avec toilettes tapageuses, attractions et discours, ce fut une séance au cours de laquelle le public brestois apprit à connaître et à aimer Jean Grémillon. De nombreux Ouessantins avait « passé la mer » pour venir assister à la projection de ce film qui est un peu le leur. Dans le film ils s’étaient reconnus, et leur attitude montrait combien les avait touchés cette compréhension de leur vie et de leur horizon.

Le public qui composait la salle, le soir de cette première de L’Amour d’une femme, était très varié : gens d’Ouessant, employés de Brest, marins, commerçants, fonctionnaires, notabilités. La discussion qui suivit le film retint les « mordus jusqu’à une heure du matin. Le sujet du film est extrêmement actuel et touche à une question dont une grande partie du public éprouve quotidiennement l’importance : la part que prend le métier dans la vie d’une femme. Micheline Presle, doctoresse à Ouessant, Massimo Girotti, ingénieur de passage dans l’île… L’île et la mer imposent leur présence tout au long du film.
Dans la discussion, Grémillon, après avoir répondu aux questions posées par les spectateurs sur la conception même du sujet, donna des détails pittoresques sur certaines conditions de tournage. Enfin le public se montra très sensible à la qualité de la photographie, où la maîtrise de Page s’est affirmée une fois de plus.
A la fin de la séance, metteur en scène, exploitant et Ciné-Club pouvaient se dire, sans fausse modestie, qu’ils avaient collaboré utilement au développement du sens critique du « spectateur moyen » et donc au but même que se proposent les cinés-clubs! (cahiers du cinéma)
Fiche technique
Réalisateur : GREMILLON Jean Scénario : Jean GREMILLON Musique : Henri DUTILLEUX Photographie : Louis PAGE (directeur), Walter LIMOT (plateau) Son : Jean RIEUL, Jacques CARRERE Costumes : Pierre BALMAIN Montage : Marguerite RENOIR Décors : Robert CLAVEL Pays : France/Italie Date : 1953 (production) Genre : comédie dramatique Durée : 100 mn Interprètes : Micheline PRESLE, Massimo GIROTTI, Gaby MORLAY, Paolo STOPPA, Julien CARETTE, Roland LESAFFRE N&b

