Katharine Hepburn (1907-2003)

Parce qu’elle fut canonisée par Hollywood à la fin de sa carrière, le parfum de controverse, d’innovation et de modernité qui entoura la carrière de Katharine Hepburn s’est aujourd’hui dissipé. Pourtant on ne dira jamais assez la révolution que signala son apparence parmi les stars féminines hollywoodiennes en 1933. Ni vamp, ni victime, Katharine Hepburn fut l’image sublimée de la femme indépendante des hommes, de la famille, des convenances. Son accent snob de la côte Est, sa liberté d’esprit, son anticonformisme professionnel et politique lui valurent longtemps presque autant de déboires que de gloire.

En 1929, elle part pour Broadway où elle décroche la doublure d’un premier rôle dans une pièce intitulée « The Big Pond« . A la première occasion, elle attire l’attention du public. Elle se fait virer. Ses mésaventures ne l’empêche pas de se faire un nom à Broadway en quelques années.

« The Big Pond« 

En 1932, David O. Selznick et George Cukor lui font passer un bout d’essai, dans l’idée de lui donner le premier rôle féminin de « Héritage« .

« Lorsqu’elle apparut pour la première fois sur le plateau de la RKO, la consternation fut générale, a raconté Selznick. Dieu, quelle tête de cheval, s’écria-t-on à l’unisson. »

Mais « Héritage » dans lequel elle côtoie le patriarche John Barrymore, est un succès. Sa carrière est lancée. Elle tourne à nouveau avec Cukor « Les quatre filles du docteur March » auquel le public fait un triomphe et « Morning Glory » de Lowell Sherman qui lui vaut son premier Oscar (meilleure actrice) en 1934.

« Morning Glory« 

Mais rapidement sa carrière s’enlise. En 1936, « Sylvia Scarlett » est un échec retentissant. D’autres échecs, « Mary Stuart » de John Ford, « Quality Street » de George Stevens donnent naissance à la réputation de ‘poison du box-office’ qui ne va pas la quitter jusqu’aux années 1940.

« Quality Street« 

Lorsqu’en 1938 David O. Selznick se lance à la recherche de l’interprète idéale pour le rôle de Scarlett O’Hara dans « Autant en emporte le vent », il envoie le mémo suivant au sujet de la candidature de Katharine Hepburn : 

« … Ses essais doivent être soigneusement choisis afin d’inclure les scènes qui demandent le plus d’érotisme, parce que je crois que Hepburn souffre de deux handicaps. D’abord l’antipathie irréfutable et très répandue à son égard dans le public en ce moment, ensuite le fait qu’il lui reste encore à démontrer qu’elle peut faire preuve des qualités érotiques qui sont sans doute les plus importantes de toutes celles nécessaires au personnage de Scarlett.« 

C’est Vivien Leigh qui obtient le rôle, mais la cote de Katharine Hepburn a entre-temps remonté à Hollywood. Mais si « L’impossible monsieur Bébé« , tourné avec Cary Grant sous la direction de Howard Hawks, n’a pas été un grand succès, le film a démontré les qualités comiques de l’actrice.  

« L’impossible monsieur Bébé« 

En 1940, George Cukor réalise « Indiscrétions » dans lequel elle joue avec Cary Grant et James Stewart, sans doute la meilleure comédie de la carrière de Katharine Hepburn. Son personnage d’héritière capricieuse est assez proche d’elle pour qu’elle en peigne les défauts les plus horripilants tout en préservant son pouvoir de séduction qui n’a jamais été aussi grand.

« Indiscrétions« 

L’année suivante, toujours sous la direction de Cukor, elle tourne « la femme de l’année« . C’est la première fois qu’elle rencontre Spencer Tracy à l’époque la plus grande star masculine de la MGM. Lorsqu’on lui a présenté le projet, il aurait répondu : 

« Comment puis-je faire un film avec une femme qui a les ongles en deuil, une sexualité ambiguë et porte constamment des pantalons?« 

C’est en fait le début d’une liaison qui durera jusqu’à la mort de Tracy en 1967. Le couple Tracy-Hepburn défiait toutes les conventions américaines : parce que l’acteur était toujours marié, parce qu’ils ne faisaient pas un secret de leur vie commune, sans jamais permettre qu’elle soit la proie de la presse à scandale, enfin parce que l’actrice, tout en jouant fréquemment avec son compagnon, a continué une carrière autonome. (extrait du  Monde)

A sa mort, Elizabeth Taylor a déclaré : 

« Je crois que chaque actrice au monde la considérait avec déférence en se disant « si seulement je pouvais être comme elle ». On ne la considérait avec envie ou jalousie, parce qu’elle était spirituelle et charmante dans son travail. On désirait simplement parvenir un jour à lui ressembler. Je suis heureuse qu’elle ait enfin retrouvé Spencer Tracy.« 

  • 1934 : Oscar de la meilleure actrice pour « Morning Glory » de Lowell Sherman
  • 1934 : Meilleure actrice à la Mostra de Venise pour « Les quatre filles du docteur March » de George Cukor
  • 1962 : Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour « Long voyage vers la nuit » de Sidney Lumet
  • 1967 : Oscar de la meilleure actrice pour « Devine qui vient dîner? »
  • 1968 : Oscar de la meilleure actrice pour « Le lion en hiver » d’Anthony Harvey
  • 1982 : Oscar de la meilleure actrice pour « La maison du lac » de Marc Rydell

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