Michel Simon (1895-1975)

Michel Simon est né le 9 avril 1895, la même année que le cinématographe. Ses débuts dans le monde du spectacle sont modestes : il fait le clown et l’acrobate pour un numéro de danseurs appelé « faire valoir » (les Ribert’s and Simon’s), puid pout un prestidigitateur. Rappelé en Suisse au moment de la Première Guerre Mondiale, il passe le plus clair de son temps aux arrêts. En 1915, au cours d’une permission, il voit Georges Pitoëff faire ses débuts d’acteur au théâtre de la Comédie de Genève. Il décide alors de devenir acteur. Ce n’est qu’en 1920 qu’il fera son apparition dans la troupe des Pitoëff. Il quitte la troupe en 1923 pour devenir acteur de boulevard, jouant des vaudevilles de Tristan Bernard, d’Yves Mirande et de Marcel Achard. Celui-ci le présente à Charles Dullin, dans la compagnie duquel Michel Simon joue une pièce d’Achard, « Je ne vous aime pas« . Il est engagé pour Louis Jouvet qui a remplacé Pitoëff à la Comédie des Champs-Elysées. C’est avec Jouvet, dans une pièce d’Achard, « Jean de la Lune« , que Michel Simon s’impose d’une façon éclatante le 18 avril 1929. La carrière théâtrale de l’acteur va se poursuivre mais c’est le cinéma qui va lui apporter une immense popularité. Il débute à l’écran en 1925, d’abord en jouant dans « Feu Mathias Pascal » de Marcel L’Herbier, et presque en même temps en participant à un film réalisé en Suisse : « La vocation ou la puissance du travail » d’André Carel.

Au cinéma muet, il apporte un étonnant physique et un visage peu banal, d’une exceptionnelle mobilité qu’il prend soin de ne pas transformer en tics. Michel Simon joue des formes de son corps : de la laideur intelligente ou sympathique, de la bonté ou de la naïveté, à la laideur grotesque ou inquiétante, cocasse ou stupide, malicieuse ou cruelle. Sa vraie carrière cinématographique ne commence qu’avec le « parlant » quand on s’aperçoit que l’élocution et le timbre de voix de l’acteur sont aussi originaux que son physique et son jeu. Ici Michel Simon se révèle « inclassable » : il peut tout jouer.

Il devient une immense vedette avec Jean Renoir avec qui il avait déjà tourné « Tire-au-flanc » en 1928. « On purge bébé » (1931) est le troisième long métrage sonore de Michel Simon et le deuxième long métrage de Fernandel. Ils seront à nouveau réunis en 1939 dans « Fric-Frac » (Maurice Lehmann).

En 1932 Michel Simon décide de fonder avec Jean Renoir une société de production cinématographique. En naît l’une des plus belles œuvres de Renoir : « Boudu sauvé des eaux« . Ce fut un lourd échec commercial qui mit un terme à leurs nombreux projets en commun. 

« Michel Simon est un acteur pour lequel j’ai plus que de l’admiration. Il semble qu’il soit le théâtre ou le cinéma lui-même : c’est un personnage invraisemblable. Les dons de cet homme ne sont pas croyables. » (Jean Renoir)

En 1934, le jeune réalisateur Jean Vigo « L’Atalante » dans lequel Michel Simon joue un des rôles qui compte dans la vie d’un acteur. En 1936, il est dirigé par Marc Allégret dans « Sous les yeux d’Occident » aux côtés de Pierre Fresnay, Pierre Renoir et Jean-Louis Barrault. « Drôle de Drame » de Marcel Carné connut un demi-échec lors de sa sortie en 1937. Le film ne fut vraiment découvert qu’en 1951 lors de sa reprise.

« C’est un seigneur d’ailleurs, un clochard étoile, un impeccable Lord de la rue des Anglais, un génial idiot de Vaudeville, un terrible assassin de Thomas Quincey. C’est le roi Lear perdu dans une forêt de pellicules oscarifiées et festivalisées et c’est la Bête de la Belle mais aussi son prince secret. » (Jacques Prévert)

Drôle de drame

On le retrouve en professeur de dessin, faussaire et alcoolique dans « Les disparus de Saint-Agil » de Christian-Jaque en 1938. La même année, il tourne l’un des films les plus mythiques du cinéma français réalisé par Marcel Carné, « Le quai des Brumes« .

A la fin de 1945, Michel Simon retrouve le chemin des studios pour le tournage d’ « Un ami viendra ce soir » (1946) de Raymond Bernard. Son retour se remarque par son côté barbu et chevelu n’ayant pas visité un coiffeur depuis sa comparution devant une commission d’épuration au motif qu’il avait joué en mai 1944 au théâtre dans une pièce d’Eugène Gerber connu pour ses opinions pro-nazies. Le comédien a beau répliquer qu’il avait été dénoncé comme Juif aux premiers temps de l’Occupation puis comme communiste, il n’en fut pas moins tenu près de deux ans à l’écart de la scène et de l’écran. Son précédent film, « Vautrin » (Pierre Billon) était sorti début 1944.

René Clair lui propose d’être Méphisto à double face dans « La beauté du diable » (1950) pour reçut le Grand Prix d’interprétation masculine au Festival de Punta del Este.

Une rencontre importante pour lui est celle de Sacha Guitry. Ils tournent ensemble deux films qui deviendront de véritables chefs-d’oeuvre du cinéma français : « La poison » (1951) et « La vie d’un honnête homme » (1953). Sacha Guitry dédicace le manuscrit de « La Poison » à Michel Simon, pour lequel il a écrit le film. Le réalisateur réalisa le film avec deux caméras en informant l’ensemble de l’équipe technique et les acteurs qu’il n’y aurait qu’une seule prise par plan. 

En 1966, Michel Simon tourne sous la direction de Claude Berri dans « Le vieil homme et l’enfant » pour lequel l’acteur obtiendra en 1967 le Prix d’Interprétation masculine au Festival de Berlin (Ours d’Argent), le Prix d’Interprétation au Festival de Panama, le Prix spécial du Jury au Festival de Cunéo et en 1968, le Prix d’Interprétation au Festival de Prague.

Michel Simon meurt le 30 mai 1975. A la cérémonie, seules quatre personnes sont présentes dont Jean-Pierre Mocky, Michel Serrault et Michel Galabru. Tous les trois avaient participé à son dernier film « L’Ibis rouge« (Jean-Pierre Mocky, 1975).

La vie d’un honnête homme

Filmographie

Années 20

  • 1926 : L’inconnue des six joursde René Sti
  • 1929 : Pivoine d’André Sauvage

Années 30

  • 1938 : Le Règne de l’esprit malin de Max Haufler

Années 40

Années 50

Années 60

Années 70

2 réflexions au sujet de « Michel Simon (1895-1975) »

  1. Quel magnifique portrait fait par Prévert !
    Je me souviens de cette scène reconstituée par Tavernier dans « laisser-passer » sur un plateau de tournage de la Continentale où, en bonne tête de mule qu’il était, il refuse de s’adresser aux Allemands.

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  2. moi bof, je sais que mes parents aimaient bien ces acteurs de cette époque, moi pas trop, brasseur, jean gabin, louis de funès bourvil fernandel, de funès j’aimais bien, je trouvais qui ressemblait à papa… lol quand il s’énervait..

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